WOEZON YOVO! |
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Quinzième édition, mercredi 16
novembre,2005, page 1. |
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Autoportrait
sur la route Kpalimé-Kara |
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Antoine était au Togo la semaine
dernière, il a écrit son “journal”... Le Togo, c’est facile : c’est comme
le Bénin mais plus à gauche. Chez nous, il fait toujours entre 25 et 30,
on entre en saison sèche : il commence à faire très chaud. Et quand les
coupures de courant nous empêchent de brancher les ventilos, on pense à
vous... Mais y a pire, à Montréal en ce moment, il fait autour de zéro!
Bonne lecture! |
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Cette vague,
c’est pour faire croire que j’ai été à la plage au Togo: mais non, c’est
la plage béninoise. |
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Kpalimé, le 9 novembre.
Depuis lundi, je suis au Togo :
voyage en taxi-brousse rapide depuis Cotonou, arrivée à Lomé. La ville
ressemble à Cotonou, surtout en ce qui concerne la pollution. Par contre,
la ville entière semble être en travaux, à l'inverse de la ville
béninoise, où seul le nouveau palais présidentiel a une chance un jour de
sortir de terre.
Musique à fond, circulation
démentielle : le reste n'est pas surprenant.
Mardi après-midi, départ vers
Kpalimé, avec l'association. Discussion très intéressante avec le
responsable de la nouvelle zone d'intervention, justement sur les méthodes
utilisées pour débarquer dans une nouvelle région. Le bureau est loué dans
un vieux bâtiment d'une plantation de café désaffectée. Devant, la porte,
deux vieilles pompes à essence peu à peu gagnée par la végétation. Ça fait
un peu ruines mayas, mais en plus moderne.
On me dit que le lendemain,
j'ai 5 ou 6 heures de route, voire 7 (la précision, ce que c'est
quand-même !). Je me dis donc qu'en partant vers 5H du matin, je pourrais
arriver entre midi et deux.
Donc, vers 5H30, j'arrive sur
le terrain vague des bus (vagues aussi, d'ailleurs). Toyota et Mazda sont
ici les mamelles du transport. En attendant que mon minibus soit prêt à
partir (chargement à effectuer en ville), j'attends. D'abord sous un
arbre, puis dans une buvette où je prends un café et un sandwich à
l'omelette, spécialité togolaise autant que béninoise. Les chèvres et les
poules courent déjà dans tous les sens, en évitant les véhicules et
cherchent à bouffer les détritus, nombreux. Des vendeurs sillonnent la
place, avec leurs produits sur la tête : bouteilles de bissap, beignets,
cigarettes et sandales en plastique (la chaussure de l'Afrique de l'ouest,
à ne pas confondre avec la tong brésilienne, pour les lecteurs du blog
d’Hugo).
A 8H, j'attends toujours. Le
minibus fait le tour de la ville (avec mon sac) à la recherche de clients,
peu nombreux aujourd'hui mercredi (une histoire de jour de marché). A la
cafétéria, je discute de Dieu avec le patron et quelques clients. Quand je
leur dis que je ne crois pas, c'est l'éclat de rire et l’incrédulité (!)
pour tous. On discute aussi de foot, la politique, ici c'est prohibé, on
m'avait prévenu : si on t'en parle tu réponds "ah bon!". Mais je n'en
aurai jamais besoin, le sujet est vraiment tabou, contrairement au Bénin.
Devant la billetterie (qui ne
vend pas de billets), les femmes qui attendent le bus s'emballent : le ton
monte rapidement, mais impossible de savoir ce qu'elles disent,
évidemment.
Le bus arrive enfin et nous
partons à 9H, le temps de charger les derniers bagages et de discuter
beaucoup à propos de je ne sais quoi. Il y a 21 personnes à bord.
Au bout de 30 min, crevaison du
pneu arrière droit. Il faut changer la roue, au bord de la route. 20 min
plus tard, nous nous arrêtons pour faire réparer le pneu. Hop, 45 min de
plus. L'occasion d'acheter une bouteille d'eau et des beignets de
haricots.
Vers 13H, il faut s'arrêter à
nouveau, dans la ville d'Anié : c'est l'heure de la prière. J'apprendrai
plus tard que la communauté musulmane (minoritaire) a le monopole du
transport au Togo, ce qui expliquerait cet arrêt (au Bénin, ça ne m’était
jamais arrivé). Une heure plus tard, nous repartons mais 10 km plus loin,
pas de chance, le minibus tombe en panne de moteur. Tout le monde descend,
ou plutôt se décoince, les quatre passagers avant (dont moi) les premiers
car nous sommes assis sur le moteur. Le chauffeur, après quelques
tentatives infructueuses de réparation, arrête un véhicule et part en sens
inverse pour trouver un mécano. Tout le monde est assis sagement au bord
de la route. De toutes façons, c'est Dieu qui l'a voulu, non ? Notre
chance, c'est la présence des arbres qui fait que nous attendons à
l'ombre. Il fait vraiment chaud.
Côté arrière du van, les
femmes. A l'avant, les hommes. Faudrait voir à pas se mélanger.
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Parking des
minibus de Kpalimé: Toyota et Mazda avant tout. Parmi les véhicules au
Togo, un nombre étonnant d’Opel Kadett, par rapport au Bénin. Idée
d’explication: les allemands ont colonisé le Togo (pas longtemps), la
communauté togolaise est du coup bien présente en Allemagne. Or cette
voiture est plus utilisée là-bas qu’en France... |
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Première
crevaison...on se demande bien pourquoi: les routes sont en excellent état
et les véhicules pas du tout chargés! |
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Panne de
moteur: il est à l’avant, sous les sièges. Quelques passagers prennent sur
le vif des cours de mécanique pendant que le professionnel opère la bête.
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L'arrêt "prière" m'a permis de prendre
quelques photos chez les réparateurs de pneus. Au moment de regonfler, ils
enduisent la jointure pneu/jante d'une sorte de pâte. Je pense à de la
graisse de mouton, mais non : c'est de la pâte de maïs, qui d'habitude se
mange, pour que les deux parties adhèrent comme il faut. Le compresseur a
un fonctionnement aléatoire, c'est un compresseur clignotant. Un coup il
faut souffler dans le réservoir, un coup il faut nettoyer la bougie et à
chaque fois redémarrer (style tondeuse ou débroussailleuse) avec une
ficelle de plus en plus courte à chaque utilisation. Quand elle devient
vraiment trop courte, l'un des apprentis (je suppose) va en couper une
autre : il pose la ficelle sur un coin métallique et tape dessus avec un
démonte-pneu, jusqu'à la rupture (de la ficelle, pas d'anévrisme).
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A gauche, le
compresseur, à droite à l’autre bout du compresseur, l’apprenti qui
branche le tuyau dans le pneu. |
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Pose de la
pâte (de maïs donc, qui sert normalement pour l’alimentation). Dans ce
cas, avant de regonfler le pneu, elle sert à faire adhérer la jante et le
pneu pour ne pas que l’air s’échappe. |
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Deux jeunes
vendeurs de piment et notre minibus en fond |
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Etat du pneu
APRES la réparation: c’est parti pour au moins 50 km de plus!
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Kara, le 10 novembre.
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Finalement, je suis arrivé hier soir à
22H, soit 16H30 après le départ de l'hôtel, pour une distance de 400 km.
J'ai battu mon record qui datait du Mexique en train. Il y a eu un autre
arrêt mosquée vers 17H30, puis quelques autres pour remettre de l'eau dans
le moteur. En fait, il y avait visiblement un problème avec le radiateur.
Ma patience a eu ses limites et je me suis endormi plusieurs fois. Je
remercie une fois de plus ici mon sponsor, Dieu le père, de m'avoir conçu
de façon à dormir dans n'importe quelles conditions, y compris la tête par
la fenêtre d'un minibus lancé à fond sur les routes nid-de-poulées
togolaises. Amen. L'autre avantage de tomber souvent en panne, c'est qu'on
n'a pas le temps d'avoir des fourmis dans les jambes.
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Panneau à
droite: Si vous pensez à une chanson en particulier, appelez le 00229 21
309 444, vous aurez sûrement gagné
quelque
chose!
En tout cas
pour moi, ça été immédiat et ne m’a pas lâché de toute la journée.
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B
A
N
A
N
E
S |
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Une casse
auto: le secret de la réussite, dans ce domaine, c’est la proximité entre
l’offre de pièces détachées et la demande. Et la demande, elle est où? Sur
la route, bravo! |
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Je suppose
que ce sont des piments: tout au long du trajet (c’est pareil au Bénin),
les habitants profitent des qualités thermiques du goudron pour faire
sécher leurs productions: piment, haricot, café, etc.
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Cotonou, le 13 novembre.
A l'hôtel, j'ai la TELE. Bon, c'est
vrai, y'a qu'une chaîne. C'est TV5. Mais du coup, je peux voir les
journaux du Québec (libre), de la Suisse (montagneuse) et de la France
(occupée). Le sujet principal : les " violences urbaines " en France. Au
journal on dit " violence urbaine ", mais comment ceux qui foutent le feu
aux bagnoles appellent ça ? Peut-être " récréation " ?
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Bref. Sur la chaîne québécoise,
reportage sur un syndicaliste CRS, Marc Gautron. Il fait la tournée des
collègues pour voir ce qu'il se passe, et réclame plus de CRS, des peines
de prison pour tout le monde et la sécurité avant tout, y'en a marre des
voyous, tous en prison. A peu de chose près exactement le même discours
(mais des prises de vue un peu différentes) que celui entendu la veille,
dans la même bouche, sur…France 2 ! C'est-à-dire que la même personne
témoigne sur plusieurs chaînes, avec des équipes télé différentes.
J'imagine son agenda : " Ah non les gars, demain matin je peux pas, j'ai
rendez-vous avec Canal Plus…Faudra appeler Raymond pour qu'il refasse son
discours sur l'arrêt de bus caillassé, c'était bon, ça ! ".
J’imagine aussi les équipes de journaliste étrangères qui se
renseignent sur les “contacts” possibles pour faire leurs reportages
auprès des collègues journalistes français: “Et au fait, vous connaissez
pas un CRS qui pourrait témoigner?”. Pour ma part, tous les reportages " à
vif " que j'ai vus ont été tournés du côté des flics. Ce qui en dit long
sur l'implication des journalistes. On parle beaucoup de " guerre ",
notamment par le biais du vocabulaire utilisé (couvre-feu, c'est le
comble). Mais dans toutes les guerres, il doit y avoir des journalistes
des deux côtés, ou bien ? Plus réactionnaire que le journal de France 2 :
le journal Suisse.
Le couvre-feu, j'entends que c'est la
première fois depuis la guerre d'Algérie...si c'est pas un
signe…
D'autre part, tout ceci participe d'un
ensemble à mon avis cohérent : les morts à la frontière espagnole, les
morts dans le désert, les morts dans les immeubles à Paris…tous issus de
l'immigration. La forteresse-europe, on y est. |
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